1. Contexte
La convection thermique, c'est à dire le mouvement d'un fluide
engendré par des inhomogénéïtés de
température, est un phénomène courant à de
nombreux systèmes naturels et industriels.
Bien que les premières études des régimes
d'écoulements de convection susceptibles d'apparaître
au sein d'une couche de fluide (monocompositionel) chauffée par
le bas datent du début du XX
ème sciècle,
ce système reste, à ce jour, très étudié
pour l'incroyable variété de comportements qui peuvent
s'y développer.
Ce n'est qu'il y a environ une trentaine d'année que l'étude
de la convection de mélanges binaires (mélanges
solvant-soluté non réactifs) fut abordée.
Dans ces derniers, il existe un couplage entre gradients locaux de
concentration et température, l'effet Soret, qui s'avère
être une source supplémentaire de comportements
dynamiques.
Cette spécificité a mené à de multiples
études sur les différents régimes convectifs
(stationnaires et instationnaires) qui apparaissent alors.
Ces travaux sont toutefois très majoritairement relatifs à
des systèmes infinis ou du moins de très grande extension
spatiale et l'influence du confinement sur les états convectifs
de fluides binaires reste peu abordé.
2. Les mécanimes en jeu
On s'intéresse à un mélange de deux constituants
(solvant et soluté) parfaitement miscibles. On se place dans
le cas de faibles variations de température et de concentration
(ou titre massique) de soluté au sein du mélange.
Dans ces conditions, la masse volumique en un point du fluide binaire est alors
une fonction linéaire des écarts en température
et concentration locales par rapport à celle de
référence.
Le mélange étant dans le champ de pesanteur, ces fluctuations
de densité impliquent des variations de forces de poussée
d'Archimède locales susceptibles d'engendrer un mouvement du
fluide.
Outre cette contribution de la concentration à dans la densité
du mélange viennent s'ajouter des effets de couplage entre flux
thermique et solutal au sein de celui-ci.
L'existence de ces couplages engendrent les effets suivants:
- L'effet Dufour, qui rend compte de la contribution du gradient
de concentration au flux de chaleur.
- L'effet Soret (appelée aussi la thermodiffusion),
qui rend compte de la contribution du gradient
thermique au flux massique.
Ces phénomènes impliquent en particulier que toute fluctuation
de température engendrera une variation de concentration
(NB: on choisit de désigner comme soluté le
plus lourd des deux constituants du mélange) et vice versa.
Il est toutefois acquis que la contribution de l'effet Dufour, contrairement
à celle de l'effet Soret, peut être négligée
lorsque l'on considère un
liquide binaire.
Récapitulatif des deux mécanimes clés
régissant le comportement d'un liquide binaire
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Rôle et conséquences de l'effet Soret
Ainsi que mentionné plus haut, et précisé par les
équations ci-dessus, température et
concentration en tout point du mélange sont,
d'une part, intimement liées (par l'effet Soret) et ont
d'autre part toutes deux une incidence sur la densité
locale du liquide.
Pour illuster cela, considérons l'exemple suivant:
Soit un liquide binaire
isolé (c.-à-d.: sans apport ou perte de soluté vers
l'extérieur), au repos (c.-à-d.: pas de mouvement de fluide)
et inhomogène en température.
Dans cette situation, le flux massique (J) est identiquement nul
en tout point du mélange et gradients thermique et solutal
sont conséquement directement proportionnels.
Toute augmentation de température (T) engendre une diminution de
la masse volumique; Mais,
comme le coefficient de Soret
ST
peut être positif
ou négatif, on a alors les deux cas de figure suivants:
- Si ST > 0,
Une augmentation de T entrainera non seulement une diminution de la masse
volumique, mais aussi une diminution de C
qui engendrera de même une diminution de la masse volumique.
On parle alors de gradients thermique et solutal coopératifs;
le soluté (terme qui désigne,
rappelons le, le plus lourd des deux constituants du mélange binaire)
migre vers les régions froides.
- Si ST < 0,
cette fois, l'augmentation de T entrainera une augmentation de C
qui engendrera une augmentation de la masse volumique.
On parle alors de gradients thermique et solutal compétitifs;
le soluté migre vers les régions chaudes.
Le cas de gradients compétitifs est celui propice à
l'émergence des comportements dynamiques évoqués
en introduction. Les travaux présentés ici sont relatifs
à ce type de liquides binaires.
3. Equations d'évolution et paramètres
L'évolution des champs (vitesse v, pression p, température T
et concentration de soluté C) est contrainte par les lois
de conservation (de la quantité de mouvement, de la masse,
de l'énergie et des espèces chimiques). Pour un liquide binaire
incompressible,
ces équations (une fois adimensionnées par rapport
à des échelles de référence),
forment le système suivant:
Cette version adimentionnée des équations d'évolution
fait apparaître les quatres paramètres suivant:
Les trois premiers paramètres (nombre de Prandtl
Pr, nombre de Lewis
Le et
paramètre de séparation
Psi)
dépendent de la nature
du fluide considéré et sont donc fixés par le choix du
mélange auquel on s'intéresse.
Le nombre de Rayleigh, par contre, est directement proportionel à la
différence de température appliquée à la couche de
fluide et est ainsi le paramètre de contrôle du
système: L'étude des régimes de convection d'un
liquide binaire donné en fonction de l'écart de
température qui lui est imposé
se résume à l'étude des solutions du problème
en fonction de
Ra.
4. Les états du système
Les mélanges binaires offrent, d'une manière
générale, une très grande variété de
comportements dynamiques, particulièrement pour des
liquides tels que
Psi < 0.
Typiquement, l'évolution de tels système, en fonction de
Ra, est la suivante:
- Pour Ra suffisament petit (donc pour une
couche de fluide légèrement chauffée par le bas),
le systéme reste dans un état conductif: Il n'y a aucun
mouvement et la couche fluide conduit la chaleur.
- Lorsque Ra dépasse une valeur seuil
Ra Hopf, l'état conductif
devient instable: toute perturbation, aussi faible soit-elle, donnera
naissance á des oscillations dont
l'amplitude croit exponentiellement dans le temps.
Après cette phase de croissance, les oscillations saturent
en amplitude et fréquence.
-
Cet état de convection oscillante atteint, on peut suivre son
évolution en augmentant ou diminuant la valeur de
Ra.
Cette branche de solutions oscillantes existe ainsi sur une plage
en Ra qui s'étend en deçà
de Ra Hopf, pour ne disparaitre
que lorsque Ra <
Ra SN. Il y a coexistence entre
états conductif et oscillant stables sur
[ Ra SN ;
Ra Hopf].
La branche de solutions oscillantes s'étend, à
Ra croissant, jusqu'à
Ra osc-sta où
elle devient instable et au delà de cette nouvelle bifurcation,
le régime convectif devient stationnaire.
La branche de solutions stationnaire, déconnectée de celle
des états oscillants, peut à son tour être
parcourue à Ra croissant ou
décroissant.
Pour résumer, les coexistences entre ces trois états
(conductif, convectif oscillant ou stationnaire) impliquent
l'existence de situations d'hystérésis entre ceux-ci:
Pour certaines valeurs de
Ra, le système
peut être dans l'un ou l'autre de ces régimes stables;
l'état "sélectionné" dépendant de
l'histoire du système.
5. La configuration étudiée
On s'intéresse aux écoulements convectifs de liquides binaires
confinés dans un cylindre vertical chauffé par le bas, et
en particulier à l'influence du confinement sur la dynamique de
ces systèmes.
On étudie pour cela, par simulation numérique directe,
l'évolution des états axisymétriques du fluide,
en fonction de la différence de température imposée
entre les bas et haut du système.
Les simulations sont réalisées pour des géométries
de rapport de forme (rapport rayon sur hauteur du cylindre)
2, 1 et 1/2. De plus, deux types de conditions cinénématiques
sur la paroi latérale sont traitées: adhérence ou
glissement, selon que cette frontière représente une
paroi solide ou une surface libre. La première de ces configurations
(dite "rigide") correspond au cas d'un fluide confiné dans une enceinte
cylindrique, la seconde (dite "libre") correspond quant à elle au
cas d'un pont liquide.
Récapitulatif de la configuration
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Le domaine de calcul 2D des écoulements correspond à
une section verticale du cylindre
(plan en jaune dans le schéma ci-contre)
Conditions aux frontières:
- Températures imposées en haut et bas du cylindre,
- Paroi latérale adiabatique (pas de flux de chaleur
traversant celle-ci),
- Parois imperméables (pas de flux de matière
traversant celles-ci),
- Adhérence du fluide aux parois horizontales (vitesses
nulles le long de celles-ci).
Paramètres "géométriques":
- Le rapport d'aspect (rapport rayon sur hauteur) du cylindre,
- La condition cinématique sur la paroi latérale:
Adhérence ou Glissement.
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Aspects numériques
Caractéristiques principales du code employé:
- Simulation numérique directe,
d'ordre 2 en temps. Schéma d'Adams-Bashforth/Euler retardé.
- Méthode pseudospectrale (basée sur les
polynômes de Tchebychev) en espace, avec des points de collocation
de Gauss-Lobatto dans la direction verticale et Gauss-Radau dans la
direction radiale.
- Résolution de l'équation de Navier-Stokes
par découplage vitesse-pression grace à une méthode
de projection-diffusion.
6. Principaux résultats
Ma modeste contribution au domaine est étalée dans la page
publications associée
(articles, comptes rendus de congrès, manuscrit de thèse).